Philosophie
On parle souvent de awk comme d’une version améliorée de sed. En effet, on retrouve la notion de portée de commande et de manipulation de texte, mais à mon avis, cette comparaison s’arrête la. Si sed dispose d’une commande if, l’on ne peut parler de langage de programmation alors que cette notion s’applique totalement à awk. Il n’est pas question ici de traiter totalement awk mais juste de vous donner un bref aperçu de sa puissance.
Dû à la complexité de awk, il ne nous sera pas possible de traiter ce langage de façon extensive. Aussi, nous allons procéder à un rapide tutorial dans la première partie et donner une référence rapide des fonctionnalités les plus utilisées dans une seconde.
Utilisation simpliste de awk
La notion de colonne et le séparateur de colonnes
Lorsqu’awk lit une ligne dans le fichier qui lui est passé en entrée, il tente de la découper en colonnes. Le terme consacré dans la littérature consacrée à awk est celui de champ ou field en Anglais. Pour continuer dans le vocabulaire de awk, une ligne sera régulièrement appelée enregistrement, soit record en Anglais.La frontière entre 2 colonnes est spécifiée par un caractère spécial appelé : le séparateur de colonnes. Ce dernier peut être n’importe quel caractère, en fait, l’on peut même spécifier, une classe de valeurs, i.e. un ensemble de caractères. Sa valeur par défaut est la classe {espace, tabulation}.
Il est possible de spécifier le séparateur de colonnes sur la ligne de commande avec l’option -Fcaractere_ou_classe, où à l’intérieur du script en appliquant la commande FS=caractere_ou_classe. Mnémonique : FS signifie Field Separator.
Considérons la commande simpliste suivante :
awk '{print $1}' fichier
Tout d’abord, quelques remarques d’ordre général :
- Les commandes de awk doivent être placées entre accolades
- Il est important d’utiliser des quotes simples avec awk car le caractère $ est utilisé comme spécificateur de colonne, les colonnes sont numérotées à partir de 1, l’expression $0 désignant la ligne entière.
- Dans la plupart des cas, vous n’utiliserez pas de commande en ligne comme ci-dessus, mais plutôt des scripts.
La commande que nous avons entrée affiche à l’écran la première colonne de chaque ligne du fichier lu.
Appliquons la au fichier suivant en changeant le caractère de séparation de colonnes.
1 2 3 4 |
Ceci est une ligne separee par des espaces Ceci est une ligne separee par des tabulations Ceci;est;une;ligne;separee;par;des;point-virgules Ceci,est,une,ligne,separee,par,des,virgules |
Commande | Résultat | Commentaire |
awk '{print $1}' fichier | Ceci Ceci Ceci;est;une;ligne … Ceci,est,une,ligne … |
Cette première colonne nous permet de voir que le séparateur de colonne par défaut peut être indifféremment un espace ou un caractère de tabulation. En outre, vous remarquerez que les colonnes sont numérotées à partir de 1 |
awk -F\; '{print $1}' fichier | Ceci est une ligne … Ceci est une … Ceci Ceci,est,une …. |
Le séparateur a été changé pour le point virgule. Comme en atteste le traitement des 2 première lignes, spécifier un caractère de séparation remplace le précédent. Si vous ne banalisez pas le point virgule, il risque d’être évalué par le shell comme une fin de commande. |
awk -F,'{print $1}' fichier | Ceci est une ligne … Ceci est une … Ceci;est;une …. Ceci |
Utilisation avec une virgule comme séparateur |
awk -F[,;] '{print $1}' fichier | Ceci est une ligne … Ceci est une … Ceci Ceci |
Ici, l’on spécifie une classe entre deux crochets. Ainsi, plusieurs caractères peuvent servir de séparateur de colonne. |
Syntaxe générale d’un programme awk
Un programme awk est constitué de trois grandes sections :
- La section initiale
- Les commandes qu’elle contient sont lues et traitées avant la lecture du fichier en entrée. C’est le bon endroit pour initialiser des variables par exemple ou pour ouvrir des fichiers auxiliaires.
- Elle commence par le mot clef BEGIN et est entourée d’une paire d’accolades.
- La section terminale
- Comme son nom l’indique, la section terminale n’est traitée qu’une fois le fichier en entrée fermé. Typiquement, c’est l’endroit idéal pour fermer des fichiers auxiliaires ou réaliser des statistiques. Bref, tout ce qui ne peut se faire qu’une fois toutes les données connues et traitées.
- Elle est introduite par le mot clef END et est entourée d’une paire d’accolades
- La section des règles
- C’est la section ou vous mettez les lignes de code de traitement du fichier. Elle est appelée ainsi, car, de la même manière que vous spécifiez une portée pour les commandes de sed, vous allez spécifier des règles d’activation pour les ordres de awk.
- Chaque ensemble de commandes est ceint d’une paire d’accolades et précédé d’une portée. Celle ci peut être sous la forme d’une expression régulière entourée par des slash / à la manière de sed mais également toute expression arithmétique permettant de discriminer les lignes, par exemple, des conditions sur le nombre de champs. Elle peut également être vide, auquel cas, les commandes seront appliquées à toutes les lignes.
- Dans cette section, vous pourrez également définir des fonctions utilisateur réutilisables dans le code.
Un premier exemple
Enoncé
Supposons que nous voulions connaître la moyenne de l’occupation en disque des utilisateurs. La commande à utiliser est assurément du -s rep_util sur chaque répertoire d’utilisateur avec l’aide de find. Nous avons donc la commande :
find /home -prune -exec du -s {} \;
Le résultat est de la forme :
1 2 3 4 |
util1:1234 util2:3451 util3:342 util4:2342134 |
Comment pouvez vous traiter un tel fichier pour obtenir la moyenne ?
Un premier script
Les paragraphes suivant étudient en détail les trois grandes sections qui composent le fichier awk associé au traitement du problème.
Section initiale
Dans la section initiale, nous créons deux variables, l’une pour le nombre de lignes et l’autre pour la somme des nombres, nous en profitons également pour fixer le séparateur de colonnes au caractère deux points (:).
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BEGIN{ FS=":"; NbLignes=0; Total=0; } |
Bien que très simple, cette section n’en est pas moins déjà instructive, en effet, vous y apprenez que :
- Il est impératif que l’accolade de début de section soit placée juste après le mot clef BEGIN
- Les chaînes de caractères sont à spécifier entre double quotes
- Les déclarations de variables sont automatiques, il n’y a pas de sous section dédiée à la déclaration
- Toutes les lignes de code se terminent par un point virgule
Section finale
Examinons maintenant la section finale :
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END{ printf("Nombre d'utilisateurs %d Total %d Moyenne %8.2f\n", NombreLignes, Total, Total/NombreLignes); } |
Cette section finale est elle aussi très simple : elle ne fait qu’imprimer le résultat. Vous noterez que nous utilisons ici la fonction printf qui fonctionne exactement comme son homologue du langage C. Cette ligne est à comparer avec celle du premier exemple qui, elle, utilisait la macro print, de syntaxe plus simple, mais limitée à des affichages sommaires.
Vous notez également ici que le type des variables varie dynamiquement selon la fonction qui l’utilise. En effet, selon le contexte, une variable agira comme un entier, un réel ou bien une chaîne de caractères. En fait, les variables sont toujours stockées sous la double forme d’une chaîne de caractère et d’un nombre. Il peut être nécessaire de forcer l’évaluation numérique dans certains cas. Par exemple l’expression var1==var2 est par défaut évaluée sur des chaînes de caractères. Si vous voulez qu’elle ait lieu dans un espace numérique, il faudra utiliser (var1 + 0)==(var2 + 0) car chacune des additions force l’évaluation numérique.
La section des règles
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{ NombreLignes++; Total+=$2; } |
Quelques remarques :
- Comme nous n’utilisons pas de spécification de portée, le même code s’applique à toutes les lignes
- Le langage awk supporte la quasi intégralité des expressions du C.
Fonctionnement du script
Afin de pouvoir exécuter le script, vous le sauvez dans un fichier nommé, par exemple utils.awk. Ensuite, vous exécuterez ce script à l’aide de la commande awk gràce à la ligne de commande awk -f utils.awk - où le - final indique que awk doit traiter son entrée standard.
Il ne reste plus alors qu’à « piper » awk à la commande précédente, soit :
find /home -prune -exec du -s {} \; | awk -f utils.awk -
Tout d’abord, il y a exécution de la partie initialisation, c’est à dire définition et initialisation à 0 des 2 variables NombreLignes et Total. Le séparateur de colonnes est fixé au caractère « deux points », :.
Dans un second temps, le code de la partie règles est exécuté sur chacune des lignes du fichier. Chaque ligne est tronçonnée en colonnes en fonction du caractère séparateur, c’est à dire les deux points.
A ce moment là, $1 correspond au nom de l’utilisateur et $2 au total de ses fichiers, ce qui explique que nous fassions la sommation sur $2
Il ne reste plus alors qu’à procéder aux affichages dans la section finale.
Simplication du script
Tel quel, ce script est fonctionnel, toutefois, il est possible de l’améliorer à l’aide de simplications simples :
- Tout d’abord, il faut savoir que l’on peut définir, et donc déclarer une variable n’importe où, que ce soit dans la section de tête, la section des règles ou la section finale, et que celles-ci sont toujours initialisées à 0. Il n’était donc pas nécessaire d’initialiser nos deux variables dans la section initiale, l’on pouvait directement les utiliser sans définition préalable à l’intérieur de la section des règles.
- La variable prédéfinie NR contient (dynamiquement au cours de l’exécution) le nombre de lignes lues (Number of Records), à l’intérieur d’une règle, il s’agit donc du numéro de la ligne courante. Ainsi, dans la section finale, cette variable contient le nombre total de lignes du fichier. Aussi, nous pouvions nous passer de la variable NombreLignes.
Ainsi simplifié, notre script devient alors :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 |
BEGIN{ FS=":"; } { Total+=$2; } END{ printf("Nombre d'utilisateurs %d Total %d Moyenne %8.2f\n", NR, Total, Total/NR); } |
Un exemple d’utilisation de NR
Dans cet exemple, nous cherchons à connaître, en plus de la moyenne, la taille des plus petits et plus grands comptes accompagnés du nom de l’utilisateur associé ! Pour ce faire, nous séparons le traitement en fonction du numéro de la ligne : s’il s’agit de la première, nous initialisons les variables, sinon, nous les mettons à jour ! Le résultat est le suivant :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 |
BEGIN{ FS=":"; } { if (NR==1) { mini=$2; nomMini=$1; maxi=$2; nomMaxi=$1; } else { if ($2 < mini) { mini=$2; nomMini=$1; } else if ($2 > maxi) { maxi=$2; nomMaxi=$1; } } Total+=$2; } END{ printf("Nombre d'utilisateurs %d Total %d Moyenne %8.2f\n", NR, Total, Total/NR); printf("Plus gros compte : %d blocs attribues a %s\n",mini,nomMini); printf("Plus petit compte : %d blocs attribues a %s\n",maxi,nomMaxi); } |
Ceci me permet au passage de vous présenter la structure if ... else en tout point semblable à celle du C. Les autres stuctures disponibles (toujours avec la syntaxe du C), sont while, do et for. Les commandes exit, break et continue ont également la même signification qu’en C.
Un exemple plus complet de awk
Enoncé du problème
L’exemple suivant montre comment combiner efficacement les diverses options de awk pour analyser un fichier résultat d’expérience. Le fichier à étudier est le suivant :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 |
probleme p1 racine=12 -> 10 chemins, 12 iterations, valeur = 15, temps = 30 racine=11 -> 11 chemins, 19 iterations, valeur = 19, temps = 31 racine=14 -> 11 chemins, 20 iterations, valeur = 16, temps = 34 racine=16 -> 18 chemins, 24 iterations, valeur = 18, temps = 39 probleme p2 racine=12 -> 10 chemins, 11 iterations, valeur = 15, temps = 30 racine=11 -> 11 chemins, 10 iterations, valeur = 10, temps = 31 racine=14 -> 11 chemins, 20 iterations, valeur = 12, temps = 34 racine=16 -> 19 chemins, 24 iterations, valeur = 14, temps = 30 probleme fini |
Il s’agit, comme vous vous en doutez surement, de résultats d’expériences fourni par un programme de recherche opérationnelle.
Ce programme traite plusieurs problèmes, et pour chacun des problèmes, nous avons les renseignements suivants :
- Germe du générateur de nombres aléatoires
- Nombre de chemins générés
- Nombre d’itérations
- Valeur de la solution
- Temps nécessaire au calcul
Le but du script est de fournir, pour chaque problème :
- Le nom du problème
- Le nombre moyen de chemins découvert
- La meilleure solution
- La valeur moyenne des solutions
- Le temps moyen de résolution
Résolution
Ceci n’est guère compliqué et reprend en grande partie le même fonctionnement que le script précédent, à une différence prêt : il va falloir arrêter les calculs à chaque fois que l’on traite un nouveau problème. Heureusement, on voit qu’à chaque nouveau problème, la ligne commence par le mot probleme. La dernière ligne commençant également par ce mot. Il suffira d’utiliser une variable entière qui nous indiquera si l’on est en train de traiter de problème ou non pour déterminer s’il faut faire un affichage ou non.
On sait donc qu’il faut changer de problème lorsque la ligne commence par probleme. Sinon, c’est à dire si la ligne commence par racine, alors on extrait les renseignements et l’on met à jour les données internes.
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BEGIN { dejaProbleme=0; } # Traitement des lignes d'intitule de probleme # Elles commencent par le mot probleme en tete de ligne /^probleme/ { # Si la variable dejaProbleme est differente # de sa valeur initiale 0, cela veut dire # que l'on a deja traite un probleme # dans ce cas, il faut afficher les statistiques <strong>if</strong> (dejaProbleme) { moyenne=sommeValeurs/nbIterations; printf("Probleme %s\n",nomProbleme); printf(" Nombre moyen de chemins %f\n",sommeChemins/nbIterations); printf(" Meilleure solution %f\n",meilleureSolution); printf(" Valeur moyenne des solutions %f\n",moyenne); printf(" Temps moyen de resolution %f\n",sommeTemps/nbIterations); } <strong>else</strong> { # Bon cette fois on attaque le premier probleme ! dejaProbleme=1; } # De toute facon, il faut traiter les donnees presentes sur la ligne nomProbleme=$2 sommeTemps=0; sommeChemins=0; sommeValeurs=0; nbIterations=0; nbProblemes++; } # Traitement d'une ligne de donnees /racine.*/{ nbIterations++; sommeChemins+=$3; valeur=$9; sommeValeurs+=$9; <strong>if</strong> (nbIterations==1) { meilleureSolution=valeur; } <strong>else</strong> <strong>if</strong> (valeur < meilleureSolution) meilleureSolution=valeur; sommeTemps+=$12; } |
- Les portées sont spécifiées par une expression régulière entre caractères slash /. Toutefois, nous verrons qu’il est possible de combiner les expressions régulières avec des opérateurs booléens pour les rendre plus efficaces.
- Toujours à l’image de sed, les commentaires commencent par #espace.
Le fonctionnement de awk est décidément très semblable à celui de sed. Une fois la partie initiale exécutée, les portées sont examinées une par une, et le code associé à chaque portée qui vérifie la ligne est exécuté.
Compliquons un peu nos affaires. L’utilisateur souhaite désormais avoir des informations relatives à l’écart type sur la valeur des solutions. Or, l’écart type se calcule selon une formule nécessitant de connaître à la fois la moyenne et la liste des valeurs, il va donc falloir stocker cette liste des solutions dans une structure de données ! Ouf, nous disposons de tableaux avec awk. A l’instar des autres variables, les tableaux n’ont pas besoin d’être déclarés préalablement, et, de surcroît, ils sont redimensionnables en temps réel ! L’accès aux éléments se fait de manière traditionnelle, à l’aide de crochets.
Le résultat est illustré par le script suivant. Les lignes ajoutées sont en italique.
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BEGIN { dejaProbleme=0; } # Traitement des lignes d'intitule de probleme /^probleme/ { # Si la variable dejaProbleme est differente # de sa valeur initiale 0, cela veut dire # que l'on a deja traite un probleme # dans ce cas, il faut afficher les statistiques <strong>if</strong> (dejaProbleme) { moyenne=sommeValeurs/nbIterations; <em># calcul de l'ecart type ecartType=0.0; <strong>for</strong> (i=1;i<=nbIterations;i++) { ecartType+=(valeurs[i]-moyenne)*(valeurs[i]-moyenne); } ecartType/=nbIterations; ecartType=sqrt(ecartType); </em> printf("Probleme %s\n",nomProbleme); printf(" Nombre moyen de chemins %f\n",sommeChemins/nbIterations); printf(" Meilleure solution %f\n",meilleureSolution); printf(" Valeur moyenne des solutions %f\n",moyenne); <em> printf(" Ecart type des solutions %f\n",ecartType);</em> printf(" Temps moyen de resolution %f\n",sommeTemps/nbIterations); } <strong>else</strong> { # Bon cette fois on attaque le premier probleme ! dejaProbleme=1; } # De toute facon, il faut traiter les donnees presentes sur la ligne nomProbleme=$2 sommeTemps=0; sommeChemins=0; sommeValeurs=0; nbIterations=0; nbProblemes++; } # Traitement d'une ligne de donnees /racine/{ nbIterations++; sommeChemins+=$3; valeur=$9; sommeValeurs+=$9; <strong>if</strong> (nbIterations==1) { meilleureSolution=valeur; } <strong>else</strong> <strong>if</strong> (valeur < meilleureSolution) meilleureSolution=valeur; <em> valeurs[nbIterations]=valeur;</em> sommeTemps+=$12; } |
Comme vous pouvez le voir, l’utilisation des tableaux est des plus simples. Toutefois, nous n’avons vu ici qu’une partie minime de leur utilisation !
Par exemple, il existe une autre forme pour la boucle for qui consiste à balayer l’espace des indices d’un tableau. La syntaxe est la suivante :
for (variable in tableau) code;
Attention ! contrairement à ce que laisse supposer la syntaxe (et les habitudes de programmation shell), la variable n’est pas associée directement à chaque élément du tableau mais à un index. Par exemple, dans le cas précédent, le calcul de l’écart type se ferait par :
Afin de pouvoir utiliser correctement cette astuce, il faut vider le tableau afin que la boucle sur les indices reste correcte. Supprimer un élément d’un tableau utilise la commande delete. Par exemple delete tableau[1] supprimera l’élément 1 du tableau s’il existe.
Le vidage du tableau pourra se faire très simplement en intercalant un ordre delete dans la boucle précédente qui devient :
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ecartType=0.0; <strong>for</strong> (i in valeurs) { ecartType+=(valeurs[i]-moyenne)*(valeurs[i]-moyenne); delete valeurs[i]; } |
Cet exemple montre comment l’on peut, dans certains cas, s’affranchir d’une variable de comptage des éléments présents dans un tableau. Toutefois, il convient d’énoncer un avertissement solennel : Il ne faut pas ajouter d’éléments dans le code suivant une instruction for ( ... in ... )sous peine de planter lamentablement le programme.
,Dans tous les cas précédents, nous avons utilisé de l’adressage a priori numérique sur les tableaux. Or, il faut savoir que l’adressage se fait toujours par une chaîne de caractères ce qui fait de awk un langage à « tableaux associatifs »
Nous allons illustrer ce principe sur un exemple simple. Considérons par exemple, le fichier suivant recapitulatif de consommations téléphoniques.
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Consommations telephoniques Nom : Unites Mireille Dumas : 12 Claire Chazal : 5 Claire Chazal : 19 Mireille Dumas : 8 PPDA : 39 Mireille Dumas : 7 PPDA : 51 Claire Chazal : 1 |
Chaque ligne est constituée du nom de la personne, suivi d’un point virgule et de la consommation en unités d’une communication. Nous voulons obtenir la somme des consommations pour chaque personne. Voici comment nous allons procéder :
- Dans la section initiale, nous allons définir le caractère de séparation comme étant les deux points :
- Dans la section des règles, il nous faudra :
- définir une portée isolant les lignes de consommation. Deux attitudes sont possibles :
- Considérer une chaîne de caractères (en fait une successions de caractères différents des deux points) suivi de : puis d’un espace puis d’un nombre, soit :
/^[^:]+:/ [0-9]+
- Supprimer toute ligne commençant par “Consommation” ou par “Nom”, soit :
($0 !~ /^Consommations/) && ($0 !~ /^Nom/)
que l’on peut également écrire :
! ( /^Consommations/ || /^Nom/)
en sortant la négation de l’expression.
Il ne vous reste qu’à choisir votre camp … Personnellement, je préfère toujours décrire quelque chose de positif plutôt qu’une négation, bien que dans ce cas particulier, la dernière expression soit particulièrement simple.
- Considérer une chaîne de caractères (en fait une successions de caractères différents des deux points) suivi de : puis d’un espace puis d’un nombre, soit :
- Il faudra également ajouter la consommation à chaque individu. C’est ici qu’intervient la fameuse notion d’adressage symbolique. En effet, nous allons utiliser comme clef d’adressage le nom complet de la personne, soit ici $1, la consommation étant $2.
Rappelons nous également que les tableaux sont agrandis dynamiquement lorsque l’on tente d’accéder à un indice non présent et que toute variable est initialisée à la chaîne vide/0 par défaut. Munis de ce bagage, nous pouvons écrire :{
conso[$1]+=$2;
}ce qui consiste bien à ajouter de la consommation à un individu ! la puissance de l’adressage associatif est sans borne !
- définir une portée isolant les lignes de consommation. Deux attitudes sont possibles :
- Finalement, il ne reste qu’à afficher le nom de chaque individu, associé à sa consommation totale. Pour ce faire nous allons utiliser la version spécialisée du constructeur for :
1234for (individu in conso){printf("La personne %12s consomme %6d unites\n", individu, conso[individu]);}
Pour bien comprendre comment fonctionne ce code, il faut se rappeler que la bouche for … in effectue une énumération des indices. Ainsi, individu passe en revue le nom des personnes et conso[individu] rappelle leur consommation totale
Tout ceci nous donne le code très simple suivant :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 |
BEGIN{ FS=":"; } /^[^:]+: [0-9]+/{ conso[$1]+=$2; } END{ for (individu in conso) { printf("La personne %12s consomme %6d unites\n", individu, conso[individu]); } } |
Le résultat, sur le fichier précédent est :
1 2 3 |
La personne Claire Chazal consomme 25 unites La personne Mireille Dumas consomme 27 unites La personne PPDA consomme 90 unites |
Il faut bien remarquer que dans ce cas, en utilisant un format fixe, les données en entrée se prêtent remarquablement bien à ce traitement. Qu’en serait-il si le nom des personnes pouvait changer de formattage, comme, par exemple, dans le fichier suivant :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 |
Consommations telephoniques Nom : Unites Mireille Dumas : 12 Claire Chazal : 5 Claire Chazal: 19 Mireille Dumas : 8 PPDA : 39 Mireille Dumas : 7 PPDA: 51 Claire Chazal : 1 |
où vous ne manquerez pas de remarquer que Claire Chazal et PPDA sont écrits avec deux formatages différents. Le résultat de notre script est le suivant :
1 2 3 4 5 |
La personne Claire Chazal consomme 6 unites La personne Claire Chazal consomme 19 unites La personne Mireille Dumas consomme 27 unites La personne PPDA consomme 51 unites La personne PPDA consomme 39 unites |
Comme vous pouvez le constater, les sommes ne se font plus correctement. Ceci est dû au fait que le parsage des chaînes se fait en fonction du caractère de séparation de colonnes. Comment pouvons nous résoudre ce problème pénible ? et bien, il suffit de formater nous même le nom de la personne, par exemple, en supprimant tous les caractères blancs !
Ceci peut être réalisé simplement à l’aide de la fonction standard de traitement de chaîne gsub. La syntaxe de cette dernière est la suivante :
gsub(motif_recherche, motif_remplacement, cible)
Si le paramètre cible est omis, alors $0 sera traité. Bien entendu, motif_recherche et motif_remplacement peuvent être tous les deux des expressions régulières, incluant les motif spéciaux de remplacement & et \1 \2 etc pour le remplacement. Vous noterez que le remplacement est fait sur place, le retour de gsub indique le nombre de remplacements effectués.
Il s’agit presque d’une instruction de remplacement s de sed à une (grosse) différence près : les options. Dans ce cas la répétition g est toujours considérée. En revanche, la fonction sub effectue un seul remplacement, à l’instat de la commande de remplacemnt s de sed sans l’option g.
Donc, dans notre cas, si nous voulons supprimer les espaces dans $1, il convient de les remplacer par rien, c’est à dire :
gsub(" ","",$1)
Si nous incluons cette instruction dans le script, le résultat devient :
1 2 3 |
La personne PPDA consomme 90 unites La personne ClaireChazal consomme 25 unites La personne MireilleDumas consomme 27 unites |
Ce qui réalise bien le travail requis, mais de façon très sale :(. Aussi, utilisons les expressions régulières pour supprimer les espaces à l’avant (leading blanks) et à l’arrière (trailing blanks) de $1, ce qui peut se faire par les deux expressions :
gsub(/^ */,"",$1) |
gsub(/ *^/,"",$1) |
où, de manière raccourcie, et en utilisant une alternative, par l’instruction unique :
gsub(/(^ *)|( *$)/,"",$1)
Malgrè le côté concis de la seconde manière, je ne suis pas sur de ne pas préférer la première qui m’apparaît beaucoup plus simple ! Le résultat (enfin !) est le suivant :
1 2 3 |
La personne Mireille Dumas consomme 27 unites La personne Claire Chazal consomme 25 unites La personne PPDA consomme 90 unites |
Permettez moi désormais une petite remarque sur les tableaux. Il faut bien faire attention à ne pas confondre tableau[toto] et tableau["toto"]. En effet, dans le premier cas, vous utilisez le contenu de la variable toto comme indice et dans le second, vous utilisez la chaîne immédiate "toto". Cette remarque paraître sans doute triviale à chacun d’entre vous. Toutefois, j’ai déjà vu pas mal d’erreurs résulter d’une mauvaise compréhension de ce phénomène.
Le stockage des éléments dans un tableau
En fait, les éléments d’un tableau sont stockés dans une chaîne de caractères. Chaque cellule du tableau est séparée de la suivante par un caractère spécial, celui de code ASCII "\034", lequel, d’après les auteurs de awk est sensé n’avoir qu’une probabilité anecdotique d’apparition dans un texte.
Il existe également des tableaux à 2 dimensions avec awk. Le système de repérage des éléments utilise des marqueurs d’indice spéciaux dans la chaîne de caractères unique de stockage. De ce fait, l’accès aux éléments d’un tableau à double indice est assez lent et l’utilisation de telles structures doit être strictement réservé aux cas désespérés.
De toute façon, il faut bien l’avouer, l’utilisation de tableaux avec awk est assez lente. Si la structure utilisée se révèle assez performante pour les tableaux de taille réduite, elle devient carrément innacceptable dès que la taille de ceux-ci atteint quelques dizaines d’éléments. Aussi, si le programme que vous souhaitez écrire nécessite impérativement de nombreux tableaux, il vaudra sans doute mieux se tourner vers un autre langage de programmation disposant de structures de données plus efficaces.
Partie référence
Loin d’être exhaustive, cette partie propose simplement à l’auteur de scripts awk de se repérer dans le langage !
La ligne de commande
Il est possible de passer plusieurs types d’arguments sur la ligne de commande de awk. Voici la syntaxe générale :
awk [-Fseparateurs] [-f script] ['Commande en ligne'] [fichiers] [arguments]
Il est possible de spécifier, soit une commande en ligne, soit un script de commande. L’un de ces deusx arguments devra être obligatoirement présent.
- Séparateur
- Il s’agit du ou des caractères qui vont permettre de sépararer les différents champs.
- Commande en ligne
- Un script shell réduit à quelques instructions et tenant sur si peu de lignes qu’on peut le laisser sur la ligne de commande
- Script
- Fichier de commandes écrit en langage awk. Habituellement, mais bien que cela n’ait absolument aucun caractère obligatoire, on l’affuble de l’extension .awk
- Fichiers
- Fichiers textes sur lequels on va appliquer les commandes du script ou de la commande en ligne. Notons que dans le cas de plusieurs fichiers, la variable NR est incrémentée globalement. Si l’on souhaite connaître le nombre de lignes relativement à chaque fichier, il faut utiliser FNR.
A partir de la version 2 de awk, il est possible d’ajouter des paramètres de ligne de commande genre option au script. Ceux-ci doivent être placés avant le nom du fichier et selon le formalisme nom_param=valeur_param, ce qui, avouons le, n’est guère pratique. Tout argument ne respectant pas ce formalisme est considéré comme un nom de fichier auquel il faut appliquer le script !
Les paramètres de ligne de commande sont toujours placés pêle mêle (c’est à dire, aussi bien les noms de fichiers que les arguments d’option) dans un tableau nommé ARGV, alors que leur nombre est défini par la variable ARGC.
Quelques compléments sur les portées
Les portées ne reposent pas nécessairement sur la reconnaissance d’une expression régulière. En fait, elles sont très générales. On peut, par exemple, utiliser une portée agissant sur le nombre de champs, par exemple :
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NF > 4 { ... } |
Il est également possible de combiner plusieurs expressions à l’aide des connecteurs booléens habituels, en particulier NON (!), ET (&&) et OU (!!). Par exemple, la portée suivante vérifie que la ligne courante a un numéro supérieur à 10, que le nombre de champs est inférieur ou égal à 5 et que, soit le début de ligne est de la forme [ab]+a, soit la fin de la ligne est occupée par un caractère # :
1 |
(NR > 10) && (NF <=5) && ( ( $0 ~ /^[ab]+a/ ) || ( $0 ~ /#$/ ) ) |
Notez l’utilisation de l’opérateur de reconnaissance de motif ~
Les variables prédéfinies
Le tableau suivant énumère la liste des variables prédéfinies dans awk
ARGC | Nombre d’arguments passés sur la ligne de commande |
ARGV | Tableau des arguments passés sur la ligne de commande |
FILENAME | Nom du fichier actuellement traité |
FNR | Dans le cadre d’un traitement multi fichier, numéro de ligne dans le fichier courant (File Number of Record) |
FS | Séparateur de colonnes (Field Separator) |
NF | Nombre de colonnes (Number of Fields) |
NR | Numéro de ligne courant (Number of Record) Dans la section finale, contient le |
OFMT | Contrôle de sortie : format par défaut |
OFS | Séparateur de colonnes en sortie |
ORS | Séparateur de lignes en sortie |
RLENGTH | |
RS | Séparateur de lignes, fixé par défaut à un saut de ligne |
RSTART | Positionnée par la fonction match : début de la chaîne reconnue |
SUBSEP | Séparateur des éléments dans un tableau, par défaut, le caractère \034 |
Les fonctions utilisateur
Il est possible de definir des fonctions utilisateur afin de répéter aisément un même traitement. Il est possible de placer une définition de fonction n’importe où dans la section des règles. Toutefois, et bien que certaines versions de awk ne le requièrent pas, je vous conseille de toujours placer les définitions de fonction avant leur utilisation, et le plus près possible de la section initiale !
Le format général d’une fonction est le suivant :
function identificateur (param 1, param 2, ... ,param n) {
Instructions constituant la fonction
}
Les instructions et les opérateurs
Les instructions et les opérateurs reconnus par awk forment un sous ensemble de ceux du langage C. Aussi, tous les opérateurs du langage C sont disponibles, à l’exception de la la prise d’adresse (&), du déréférencement (*) et des opérateurs de décalage (>> et <<). Pour ce qui est des opérateurs arithmétiques, awk a ajouté la mise à l’exposant sous la forme (a ^ b).
Autre particularité, seuls les opérateurs booléens purs ||, && et ! sont présents, les versions bit à bit ont été exclues.
Trois opérateurs sont vraiment spécifiques à awk.
- L’opérateur de concaténation de chaînes
- Il n’existe pas à proprement parler d’opérateur de concaténation de chaînes : l’on utilise pour cela un simple espace. Ainsi l’expression toto="c'est" " l'ete"; consiste à concaténer les deux chaînes de droite dans le membre de gauche, la valeur de la variable toto est alors la chaîne "c'est l'été".
- L’opérateur de matching ~
- Cet opérateur est essentiellement utilisé dans les déclarations de portée, cet opérateur booléen renvoie vrai si la variable placée à gauche de ~ est reconnue par l’expression régulière placée à droite (séparée par /), par exemple, si vous souhaitez appliquer des commandes aux lignes dont la quatrième est reconnue par l’expression régulière regex : $4 ~ /regex/ Notons également qu’il existe un opérateur de non matching : !~
Les fonctions standard
Les fonctions arithmétiques
Le langage de programmation awk propose en standard la plupart des fonctions arithmétiques communes. Elles sont répertoriées dans le tableau suivant :
atan2(y,x) | Renvoie l’angle formé par x et y, soit, grosso modo, l’arc tangente de y/x |
cos(x) | Cosinus de x |
sin(x) | Sinus de x |
log(x) | Logarithme népérien de x |
exp(x) | Exponentielle de x |
sqrt(x) | Racine carrée de x |
int(x) | Partie entière de x |
rand(x) | Génère un nombre pseudo aléatoire x, tel que 0 <=x < 1 |
srand(x) | Fixe la racine du générateur à x |
Les fonctions de traitement de chaînes
Les fonctions de traitement de chaînes de caractères proposées par awk sont regroupées dans le tableau suivant :
Nom de la fonction et arguments | Description du travail effectué | Valeur renvoyée |
Recherche et extraction de sous chaînes | ||
substr(s,p) | Extrait la fin de la chaîne s commençant à la position p | La sous chaîne en question |
substr(s,p,n) | Extrait la sous chaine de s de longueur n et commençant à la position p Cette fonction est souvent utilisée pour obtenir les n premiers caractères d’une chaîne en fixant p à 1. |
La sous chaîne en question |
index(s,t) | Recherche la chaîne t dans la chaîne s | La position de la première occurrence de t dans s, 0 si t n’appartient pas à s |
Fonctions à usage général | ||
length(s) | Longueur d’une chaîne | Longueur de la chaîne passée en paramètre |
match(s,r) | Effectue un test de reconnaissance du motif r sur la chaîne s | Si la chaîne s est reconnue par le motif r, la position du premier caractère associé à la reconnaissance est renvoyée. En cas d’échec, la fonction renvoie 0. En outre les variables prédéfinies RSTART et RLENGTH sont respectivement associées à la position du premier caractère de reconnaissance (identique à la valeur de retour) et à la longueur de la partie de s reconnue par le motif r |
sprintf(format,...) | Effectue le même travail que la fonction du même nom en C i.e. créée une chaîne sur le modèle format en substituant les caractères spéciaux par les argument à la suite format en suivant le même formalisme que printf | La chaîne issue des substitutions. |
Fonctions de substition | ||
sub(r,s) | Remplace la première occurrence de r par s à l’intérieur du tampon de travail courant ($0) | Nombre de substitutions effectuées, c’est à dire 0 ou 1 |
sub(r,s,t) | Remplace la première occurrence de r par s à l’intérieur de la chaîne t | Nombre de substitutions effectuées, c’est à dire 0 ou 1 |
gsub(r,s) | Remplace toutes les occurrences de r par s à l’intérieur du tampon de travail courant ($0) | Nombre de substitutions effectuées, de 0 à n |
gsub(r,s,t) | Remplace toutes les occurrences de r par s à l’intérieur de la chaîne t | Nombre de substitutions effectuées, de 0 à n |
Chaînes et tableaux | ||
split(s,tab) | Découpe la chaîne s en champs (respectivement au(x) séparateur(s) indiqués par la variable prédéfinie FS) et place ces derniers dans le tableau tab. | Nombre de champs obtenus |
split(s,tab,sep) | Découpe la chaîne s en champs (respectivement au(x) séparateur(s) indiqués par sep) et place ces derniers dans le tableau tab. | Nombre de champs obtenus |
Attention aux faux amis ! substr ne signifie pas substitution (c’est le travail de sub et gsub) mais « extraction de sous chaîne ».
Un petit exemple d’utilisation des fonctions de manipulation de chaînes et des tableaux
Supposons que vous disposiez d’un fichier HTML dont les titres ne sont pas numérotés. Votre souhait est de produire automatiquement une numérotation légale du genre 1.2.3. Comment pouvez vous procéder avec awk ?
- La première chose à reconnaître les lignes contenant un paragraphe. Hormis quelques éventuels espaces ou signes de tabulation, elles commencent par <H suivi d’un nombre compris entre 1 et 9. On pourra donc les retrouver gràce à l’expression /^[ \t]*<H[1-9]/
- Dans un second temps, il faut récupérer le numéro d’ordre du paragraphe que l’on désire traiter. Afin de faciliter l’opération, nous commençons par supprimer les espaces et les tabulations de début de phrase (leading blanks en Angliche) et le motif <H. Ensuite, nous extrayons la chaîne de longueur 1 qui correspond au rang.
- Il nous faut alors construire la chaîne qui formera le numéro du paragraphe. Pour ce faire, nous conservons dans un tableau, le numéro courant de chaque ordre. Ainsi, lorsque nous atteignons un titre d’un certain rang, le numéro courant de celui-ci est incrémenté et nous mettons à zéro le rang suivant.
Ainsi, la construction complète du numéro consiste à balayer par une boucle for les rangs inférieurs, les ajouter à une chaîne suivis d’un point et ajouter le numéro du rang courant - La reconstruction de la ligne consiste à positionner le marqueur <H, suivi de son rang, du numéro que nous venons de construire et du reste de la ligne que nous extrayons à partir du reste de $0
- Reste à gérer l’affichage. Toutes les lignes ne contenant pas un marqueur de début de titre doivent être affichées sans modification. Il faut donc utiliser une instruction du genre portee { print $0} où la portée pourrait être du type !/^[ \t]*<H[1-9]/. Il est toutefois plus simple de modifier $0 dans le cas des titres et de n’affecter aucune portée à la commande d’affichage ! On gagne ainsi l’évaluation d’une expression régulière !
Le code de notre script devient alors :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 |
# Pas de section initiale nécessaire # Traitement des lignes de chapitre /^[ \t]*<H[1-9]/{ # suppression des blancs de tete et de l'entete du chapitre sub(/^[ \t]*<H/,""); # recuperation du rang rang=substr($0,1,1); # mise a jour des niveaux ou numeros courants dans les rangs niveau[rang]++; niveau[rang+1]=0; # construction du numero complet numero=; for (compteur=1;compteur<rang;compteur++) numero=numero courant[compteur] "."; numero=numero courant[compteur]; # reconstruction de la ligne $0="<H" rang "> " numero " " substr($0,3,length($0)-2); } # Affichage de toutes les lignes, modifiees ou non :) { print $0; } # Pas de section finale |
Vous voyez, c’est pas bien compliqué et ça rend d’innombrables services !
Les entrées sorties
Les sorties
Il existe deux fonctions d’affichage : print et printf. La seconde fonctionne exactement comme son homologue en C et je ne reviendrai donc pas dessus. En revanche, la fonction print est assez déroutante au premier abord.
Sa syntaxe est la suivante :
print [(] liste_de_constantes_et_variables [)]
Tout d’abord, remarquez que les parenthèses sont facultatives, ce qui froisse inévitablement les programmeurs C ! Fonction très versatile, print autorise également l’impression d’expressions complexes. Lorsque vous séparez par une virgule les différents éléments à afficher, ceux-ci sont imprimés séparés par le caractère OFS, un espace par défaut. Finalement, le caractère ORS est ajouté au bout de chaque ligne. Les petits exemples suivants permettent de fixer certaines idées.
- print $1 $2 $3 fait appel à l’opérateur de concaténation (l’espace entre les champs) et affiche bout à bout $1, $2 et $3
- {
OFS="\t";
print $1,$2,$3
} imprime le caractère OFS, ici une tabulation entre chacun des éléments affichés !
Il est possible d’utiliser des redirections, que ce soit avec print (les parenthèses autour des argument sont alors obligatoires) ou avec printf) pour envoyer le résultat de la commande vers un fichier ou même un tube avec les commandes habituelles >, >> et |. Il convient toutefois de stipuler la différence de comportement de > et >> par rapport à leurs équivalents shell. En effet, lors de sa première rencontre, la redirection > créée ou écrase le fichier cible, les invocations suivantes fonctionnant en mode ajout. L’utilisation de >> se fait toujours en ajout.
Par exemple, considérez les lignes suivantes qui reprennent le fonctionnement du programme de base de données sur la consommation téléphonique. La ligne intéressante est mise en évidence par des caractères gras :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 |
BEGIN { FS=":"; } /^[^:]+: [0-9]+/{ gsub(/(^ *)|( *$)/,"",$1); conso[$1]+=$2; <strong>print > $1".conso"</strong> } END{ for (individu in conso) { printf("La personne %-19s consomme %6d unites\n", individu, conso[individu]); } } |
Cette nouvelle ligne a pour effet de créer un fichier "Consommateur.conso" retraçant la consommation individuelle de chaque personne. A chaque lancement du script, ce fichier est supprimé et son contenu est remis à zéro.
L’exemple suivant utilise un pipe pour trier certaines lignes. Notez l’utilisation de quotes autour de la commande à invoker. L’appel ne se fait pas à travers un nouvel interpréteur de commande mais utilise un bon vieux fork des familles.
1 2 3 |
NF = 5 { print ($1 $4 $2 $3) | "sort +3rn" } |
Nous terminerons sur les entrées en précisant qu’il est possible de fermer, c’est à dire en fait de vider les buffers et de cloturer le descripteur, une liaison de sortie. J’entends par liaison vers l’extérieur, soit un fichier, soit un pipe. A quoi sert l’opération de fermeture ? Tout d’abord, si vous avez écrit dans un fichier que vous voulez relire, il est impératif de le cloturer préalablement à toute lecture afin de s’assurer que les tampons ont bien été vidés. En outre, cela permet d’éviter de saturer les tables de descripteurs de fichiers ouverts.
Les entrées
Ces dernières reposent essentiellement sur l’utilisation de la commande getline dont voici un résumé des différentes syntaxes possibles :
getline | Lit et parse une nouvelle ligne depuis le fichier courant dans les variables standard $0, $1, etc. | $0, $1 … , NR, FNR, NF |
getline var | Lit une nouvelle ligne depuis le fichier courant vers la variable var. La ligne n’est pas parsée. | juste var |
getline < "fichier" | Lit et parse une nouvelle ligne depuis le fichier "fichier" dans les variables standard $0, $1, etc. | $0, $1 …, NF |
getline var < "fichier | Lit une nouvelle ligne depuis le fichier "fichier" vers la variable var. La ligne n’est pas parsée. | juste var |
"commande" | getline | Lit une nouvelle ligne dans le tube i.e. depuis la sortie standard de commande et vers les variables standard $0, $1, etc. | $0, $1 …, NF |
"commande" | getline var | Lit une nouvelle ligne dans le tube i.e. depuis la sortie standard de commande et vers la variable var. | juste var |
Dans tous les cas, getline renvoie 0 si la fin de fichier est atteinte et autre chose (1, la plupart du temps) dans tous les autres cas. Vous remarquerez que la ligne n’est pas parsée lorsqu’elle est lue dans une variable. Néanmoins, il vous est possible de la scinder avec split. Utiliser getline vous permet d’interagir sur différents fichiers, mais aussi de modifier l’algorithme standard de manipulation du fichier en entrée.